mercredi 31 mars 2010

Demain dans la bataille pense à moi


Il s'agit d'un livre que j'ai choisi pour l'espagnol en farfouillant de longues heures au Grand Cercle et à la Fnac. Cette histoire m'a tout de suite attirée. Il faut dire qu'elle n'est pas banale: Victor, le narrateur, est au lit avec Marta, une femme mariée. Ils sont en train de se déshabiller quand Marta commence à se sentir mal. De plus en plus mal... jusqu'à mourir ! Victor est dépassé par les événements, ne sait pas quoi faire. Il y a en plus le petit Eugenio qui dort à côté, que faire? Le laisser ? L'emmener ? Victor s'en va en laissant une assiette de nourriture et la télé allumée et attend de savoir si quelqu'un découvre la mort de Marta.

Tout au long de ce livre, le narrateur nous fait part de ses sentiments sur de nombreux sujets. La mort est un sujet récurrent et qui est abordé par tous les personnages. Mais Victor nous parle aussi de sa vie, de son ex-femme, de films aussi. Cela donne lieu à d'assez longs monologues pas toujours passionnants. Le rythme est donc alterné car il y a aussi des phases où le suspense est intenable et où on ne peut pas s'arrêter de lire. Cela donne plus de profondeur à l'histoire et cela évite de tomber dans le pathétique-voyeurisme-histoires-de-fesses.

Les personnages sont riches et offrent leur vision du monde lorsqu'ils rencontrent Victor . Bien sûr, la mort de Marta reste le sujet principal mais finalement ce n'est qu'une toile de fond.

Le passage le plus intéressant est certainement le dernier dialogue du livre, c'est-à-dire la confrontation entre Victor et Dean, l'époux trompé. L'auteur fait un parallélisme entre le récit de Dean et ce qu'avait imaginé Victor au début du livre à propos de cette rencontre et à propos de ce que faisait Dean ce soir-là. Ce passage permet à Victor de concrétiser ses fantasmes car finalement cette histoire est fantasmée: Victor s'imagine des choses tout au long du roman et ici on passe à la réalité.

Il est rare pour moi de trouver un bon livre écrit par un espagnol. Comme Aymeric me le disait, le style est difficile. Il est vrai qu'à la lecture parfois les phrases nous paraissent trop longues, trop compliquées. Mais cela reste un bon livre captivant et enrichissant.

Laurane.

Le Chevalier des Touches de Barbey d'Aurevilly

"C'est même plus beau! dit le baron. Leur petit carré n'a pas été enfoncé, à eux, à ces Onze! Et ce sont eux au contraire qui ont enfoncé le grand carré des paysans, qui les tenaient de tête, de queue et des deux flancs [...] Le Diable m'emporte c'est plus beau!"

Anatole France a mille fois raisons de dire du bien de ce livre. Le Chevalier des Touches, roman de Barbey d'Aurevilly ressuscitent les fantômes du passé de la Chouannerie, épisode sanglant de l'après 1789. La chouannerie, faut-il vous rappeler ce que c'est?

La chouannerie comme le définit l'Encyclopedia Universalis désigne "une série d'insurrections et de mouvements contre-révolutionnaires qui affectent l'ouest de la France. L'origine de ces chouanneries – on peut en parler au pluriel – est le mécontentement des ruraux devant les mesures politiques et religieuses de la Révolution française prises après 1791. Des communautés rurales refusent, dès 1791-1792, la création de l'Église constitutionnelle et la vente des biens de l'Église, et se montrent jalouses de leur indépendance vis-à-vis des administrateurs des districts et des départements. Ce mouvement débouche en Bretagne sur de véritables insurrections locales, dans le Finistère, dans le Morbihan, en Loire-Inférieure, entraînant parfois morts d'hommes."

Le "parfois" usité par l'encyclopédie m'apparaît à la limite de l'insulte ici car lorsqu'on lit le Chevalier des Touches, on comprend qu'il s'agit d'un vilain euphémisme. En effet, dans ce roman de capes et d'épées, les embuscades, les ruses, les assauts, les prouesses héroïques des Nobles chouans constituent toute la trame romanesque de ce livre.

Pour vous donner un aperçu des péripéties de ce livre, sachez que l'histoire se passe au début du XIXe siècle, donc à la fin de la chouannerie et sous l'Empire. L'histoire en elle-même se déroule dans la petite ville de Valognes, auprès d'un feu qui rassemble deux vieilles filles nobles: les Touffedelys, Mademoiselle Percy et enfin en ce qui concerne la gente féminine Aimée de Spens qui fut "Longtemps l'Astre du jour" mais qui demeur toujours "l'astre des nuits", et deux vieux gentilshommes: le Baron de Fierdrap et l'Abbé Percy. La rencontre par l'Abbé de Percy avec le Chevalier des Touches que tout le monde croyait jusqu'ici mort pousse une des deux soeurs Touffedelys à raconter la vie singulière de ce héros de la Chouannerie.

L'histoire de Mlle De Touffedelys, qui avait pris une grande part aux actions de la guerre, raconte comment Douze Nobles avaient enlevés des Républicains ceux que tous appelaient pour sa beauté la "Belle Hélène". Mais le Chevalier des Touches était aussi courageux, brave, téméraire, fort et malin qu'il n'était beau! Ne parler de sa beauté ne serait qu'une insulte à cette grande personne.

Ce livre m'a fortement impressionné d'autant plus que j'apprécie les romans historiques de l'Ancien Régime jusqu'à la fin du XIXe siècle. J'irais même bien jusqu'à plagier Anatole France en lui reprenant sa formule pour décrire son impression vis-à-vis de ce roman "Ce livre me donna le frisson". Par conséquent, je vais seulement me permettre de recommander fortement ce livre à tous les férus de romans de cape et d'épée en espérant que la vive bouffée d'adrénaline que j'ai ressenti parcourt leur échine à leur tour.
Aymeric

lundi 22 mars 2010

Trois femmes puissantes



Comment aborder ce livre? Je devais le lire pour l'IUT et tout le monde disait "que c'était nul, que j'allais me faire ch***". Difficile alors d'appréhender avec joie ce prix Goncourt que je voulais pourtant lire depuis sa sortie à la fin du mois d'août.

Alors je l'ai commencé en me disant que c'était "relou" que bon, je le lisais car il le fallait. Et pourtant Marie N'Diaye a quand même un style -comment dire?- élégant, littéraire... Un style qui m'a attirée immédiatement. De plus, le premier chapitre est assez captivant. J'ai donc réussi à me plonger avec plaisir dans ce livre. Cela s'est gâté au deuxième chapitre où la lecture devient plus laborieuse mais en m'accrochant (sans faire trop d'efforts néanmoins) j'ai beaucoup aimé (aussi) cette histoire, et la troisième, et l'ensemble... Donc, oui, j'aime Trois femmes puissantes.

Mais de quoi parle ce livre composé de trois chapitres qui semblent n'avoir rien à avoir les uns avec les autres ? Il est difficile de faire un résumé et d'expliquer en quoi ces femmes sont puissantes. A vrai dire il s'agit un peu de la question que j'avais à faire aujourd'hui en Littérature.

Tout d'abord, il s'agit de Norah, qui rend visite à son père à Dakar. Celui-ci veut qu'elle sorte son frère Sony de prison -frère que son père a emmené avec lui en Afrique alors qu'il n'avait que trois ans. Mais l'histoire de Sony s'avère assez horrible et Norah ne sait pas comment réagir face à son père, avec lequel les relations sont difficiles. Ensuite, on a Fanta et Rudy, qui vont aller vivre en France en abandonnant leur statut de professeurs de Littérature à cause de la violence de Rudy à l'encontre d'un de ses élèves. Rudy est devenu jaloux et ne supporte pas sa vie. On a donc dans ce chapitre son monologue intérieur rempli de rage, de désespoir. Enfin, la dernière histoire nous parle de Khady Demba, jeune veuve envoyée en France par sa belle-famille. Mais le trajet pour rejoindre notre pays n'est pas aisé et il se peut même qu'elle ne l'atteigne jamais...

Khady est la cousine de Fanta. Elle a aussi gardé les enfants du père de Norah. Il y a aussi Dakar et Dara Salam comme toile de fond. Voilà pour les repères. Car sinon ces histoires paraissent éloignées. Mais le point commun, c'est le courage de ces femmes Africaines qui doivent lutter contre leur destin, contre les obstacles qui semblent les accabler. Norah lutte contre son père, Fanta lutte contre son mari qui a détruit sa vie en l'amenant en France et Khady qui lutte contre son destin en tentant de fuir une situation trop précaire. Et elles réussissent, elles triomphent. C'est en cela qu'elles sont Puissantes.

Laurane.

vendredi 12 mars 2010

Le lion

Le lion de Joseph Kessel est un magnifique livre sur l'Afrique, la savane et ses animaux. On se sent éblouis et charmés par la beauté des paysages décrits d'autant plus que le Kenya est un pays que j'aimerais vraiment visiter. L'Afrique, en règle générale, est un continent qui m'attire beaucoup, en dépit de ses dangers, car c'est une terre forte où la Nature semble plus puissante que les Hommes.

Le lion raconte l'histoire d'un écrivain voyageur qui séjourne dans le Parc Royal du Kenya, tenu par Monsieur Bullit. Atterri un peu par hasard, le narrateur est inévitablement attiré par ce décor qu'il doit pourtant quitter dès le lendemain. Mais sa rencontre avec Patricia, la fille de Bullit le fait changer d'avis. Surtout parce que Patricia a un lion. Oui, un lion rien qu'à elle, qu'elle a dressé, qu'elle a élevé. Le narrateur décide donc de rester dans cette savane afin d'en savoir plus sur cette histoire et sa fascination pour le grand Lion devient alors une obsession.

Pourtant c'est surtout une autre force qui le retient. Sybil, la mère de Patricia est une citadine et ne supporte plus cette vie. Elle veut envoyer sa fille en pension pour qu'elle arrête de vagabonder dans la savane . Elle a peur du lion.
Bullit est un ancien chasseur. Sa fille déteste ce passé. Bullit veut plaire à sa fille et ne pas faire souffrir à sa femme.
Patricia n'aime que son lion. Mais elle ne veut pas blesser sa mère. Elle admire énormément son père.
Le narrateur est spectateur et reste pour "connaître le dénouement" comme il le dit lui-même. Car en plus de cette situation familiale, les Massaïs intriguent aussi le narrateur. Surtout ce morane (jeune garçon en passe de devenir un homme) qui veut tuer le lion. Ahah, suspens.

Ce livre m'a beaucoup plu, mais il est vrai que les 100 premières pages sont un peu longues. Oui, il faut planter le décor, parler de la Savane, des animaux... Mais ensuite, le rythme s'accélère et comme le narrateur, on a attend le dénouement. Car il ne peut pas en être autrement. Joseph Kessel semble doué pour maintenir un climat de tension, même dans un roman que j'ai lu en Folio Junior. (Donc soi-disant écrit pour les enfants).

A ce propos: comment ce livre peut-il être édité par Gallimard Jeunesse? (Entre autre hein, il existe aussi en Folio). Je pense que ce roman peut être intéressant pour un enfant dans le mesure où il enseigne la notion importante de la responsabilité de nos actes. En effet, l'enfant s'identifiera à Patricia qui joue avec son lion mais qui aussi le domine et lui impose sa volonté, parfois même de façon dangereuse. Son lion est un tueur et peut tuer un homme. Si elle lui ordonne. Patricia a donc un droit de vie ou de mort sur les êtres vivants (hommes ou animaux). Donc, je pense que c'est pour cela que ce texte est intéressant pour un enfant car celui doit comprendre le jeu a une limite et que la situation peut nous échapper.

Mais je ne vous dis pas pourquoi car c'est la leçon à tirer de ce livre quand on l'a fini.

Laurane.

Et moi je pense à mon petit lion tricolore... Où es-tu?... Revenue, heureusement :) :) :)

Le Silence Blanc et autres nouvelles de Jack London

Pour ceux qui ne le savent pas, je suis un passionné des récits d'aventure et fantastiques! N'ayant jamais lu de livres de Jack London, je voulais commencer par La Route que j'ai toujours l'intention de lire d'ailleurs. Puis le hasard voulut que je découvre ces nouvelles. Dans le train, il est parfois plus agréable de lire de courts récits que l'on peut finir en un trajet sans en perdre l'élan qui nous tient en haleine.
Ces nouvelles furent un moment de grande évasion dans le Grand Nord de l'Amérique au temps de la Ruée vers l'Or dans le Yukon. Pour les personnes qui connaissent peu cette histoire de l'Amérique, je vous conseille fortement (à moins que vous n'aimiez pas les bandes dessinées) de lire La jeunesse de Picsou Tome 1 et Tome 2 relatifs à sa jeunesse de prospecteur, dessiné avec brio par Don Rosa qui a un don incontestable pour raconter en mêlant les côtés aventurier et tragicomique des péripéties de Picsou à travers le monde.
Mais je m'écarte de mon sujet initial qui concernait les Nouvelles de Jack London. Comme tout livre, lire la préface peut parfois s'avérer très utile pour mieux comprendre l'esprit et ce qu'a voulu exprimer l'auteur. J'avoue que la biographie de Jack London, self made-man, m'a plutôt impressionné. Un homme comme j'aurais voulu être mais je sais bien que je ne lui arriverais pas à la cheville.
Jack London dans ce recueil a voulu dépeindre la vie dans le Grand Nord au moment de la Ruée vers l'Or, une période trouble où les villes s'éteignaient aussi vite que les filons se tarissaient. Un monde bien éphémère. Mais derrière les villes, la nature est toujours: belle à en mourir.
Le Silence Blanc raconte l'histoire de deux hommes blancs et d'une indigène marié à l'un d'eux qui va malheureusement mourir au cours d'une expédition à travers la plaine enneigé où le silence blanc règne et assourdit les hommes. Une histoire qui raconte l'esprit de camaraderie dans des conditions extrêmes. Des scènes d'horreur qui sont transcrites par l'emploi de métaphore des chiens de traineau morts de faim qui en viennent à attaquer leurs maîtres et à s'entredévorer...
Il y a aussi l'histoire de Nam-Bok le Menteur, cet indien qui après avoir été emporté dans sa bidarka au large fut recueilli par les Blancs et découvrit leur civilisation. Un jour il décida de revenir parmi les siens qui ne virent durant la période de la colonisation pas plus de deux hommes blancs en deux siècles. Les récits que Nam-Bok rapporte aux siens complètement abrutis et sauvages le font passer pour un menteur. Finalement ils le considèrent comme bien mort et lui demande de repartir au pays des ombres. Ce qui m'a le plus marqué fut la remarque de la vieille mère du protagoniste lorsque celui-ci la supplie de venir avec lui. Sa mère lui répond alors qu'elle préfère attendre encore un peu avant de mourir et de rejoindre le royaume des ombres d'où vient son fils.
Cette nouvelle symbolise l'incapacité de certaines tribus indigènes à comprendre et accepter la civilisation moderne. Cette civilisation si incroyable mais si inhumaine qu'elle semble inimaginable.
L'autre récit m'ayant touché fut La Ligue des Vieillards, de vieux indiens qui décident de traiter les hommes blancs comme leurs chiens batards: en les tuant. Pour mieux comprendre la métaphore, voici l'histoire des chiens: un homme blanc et son grand chien (un danois je suppose à cause de la description des poils ras) au bord de la mort sont recueillis par les Poissons Blancs (la tribu indienne). Une fois soigné, le chien qui souffrait du froid tue trois uskis et fait des batards avec toutes les chiennes incapables de supporter le froid. Les indiens décident alors de tuer les batards et d'envoyer leurs chiens s'accoupler avec les loups pour leur redonner leur vigueur d'antan. En ce qui concerne les blancs, les voyant tuer les leurs, s'approprier leurs terres, leurs femmes et leurs vivres: les vieux décident de les tuer.
A la fin, il ne reste plus qu'un vieillard las de tuer et qui veut se faire juger par les blancs. L'ironie du sort veut que ce soit son neveu qui traduise ses paroles: image de la civilisation moderne qui s'est approprié tous les jeunes indiens. Les Blancs trop nombreux ont vaincu et leurs coutumes aussi. Triste conclusion.
Mais au bout du compte, la nouvelle la plus choquante par sa chute reste pour moi Le jugement de Porportuk. Porportuk est un riche magnat que l'on peut comparer à un bourgeois du XVIII tandis que Klee Nah est l'équivalent de nos aristocrates. Comme le veut la tradition, ce sont les bourgeois les riches et les autres les dépensiers des plaisirs et loisirs. Klee Nah a une fille qui a suivi un enseignement religieux et à ses 16 ans à la mort de son frère, elle est rappelé auprès de son père et accepte de rester à ses côtés malgré le brillant avenir aux USA qui lui était proposé.
Mais la mort de Klee Nah approchant, il est temps de payer les dettes dont il est incapable. Porportuk son créancier refuse de se faire rembourser dans "l'autre monde", il refuse les anciennes croyances et est devenu un pur matérialiste. Il veut se faire rembourser en épousant la jeune El-Soo, la fille du Chef. Sauvé par la ruse et par son amant Akoon, il s'enfuit des griffes de Porportuk qui arrivera comble de malheur à les rattraper.
La chute de cette histoire est plutot incroyable et je me refuse à la révéler ici car sa soudaineté et sa surprise sont réellement inimaginables.

Je conseille ce livre pour tous les passionnés des récits d'aventure et même comme une réflexion sur la société moderne. Une société matérialiste qui écrasa les traditions et coutumes des indigènes du Grand Nord. Un peuple d'indigènes forcés à s'adapter aux moeurs blanches ou à périr.

Aymeric

jeudi 11 mars 2010

Le Petit Prince de Saint-Exupéry

Pendant un an, une personne qui m'est très chère m'a dessiné sur mes feuilles de cours, dans ses dédicaces, m'a fait des tableaux du Petit Prince. Or je n'avais jamais lu cette histoire bien que je connaissais relativement la trame principale.
Pendant un an entier, ma curiosité a été piquée jusqu'à ce que je décide d'inscrire dans ma liste de Challenge ABC à la lettre "S" le bien nommé Saint-Exupéry et son Petit Prince.
Un livre qui se lit le temps d'un court trajet de train mais après le monde ne vous apparait plus pareil. Tout commence par l'histoire du Boa qui a mangé l'éléphant, lorsque Saint-Exupéry n'était encore qu'un enfant de 6 ans, fasciné par un livre sur la vie de la jungle et surtout par le serpent Boa qui peut manger de tout!

Mais sa carrière de dessinateur comme il n'arrête pas de le répéter inlassablement durant tout le livre fut entravé par les grandes personnes qui ne voyaient qu'un vulgaire chapeau à la place d'un superbe Boa en train de digérer un éléphant. Ce passage est révélateur du caractère onirique et poétique de l'auteur. Ce dernier décida par la suite de montrer ses deux dessins (le deuxième étant la coupe du Boa digérant l'éléphant afin d'expliquer le dessin n°1 aux adultes) à des personnes qu'il rencontrait: dans l'hypothèse que la personne voyait qu'un vulgaire chapeau, Saint-Exupéry se "rabaissait" (sic) au niveau intellectuel de son interlocuteur en lui parlant de choses matérialistes telles que le golf, le bridge, etc. Panorama attristant de la société moderne matérialiste qui n'a plus de temps à consacrer à l'imagination et aux rêveries.
Jusqu'au jour où étant tombé en panne avec son avion en plein milieu du désert du Sahara, il fait la rencontre du Petit Prince. Ce personnage singulier qu'il prend au départ pour un simple garçon (mais même s'il avait s'agit d'un petit garçon comment aurait-t-il quant à lui atterri ici?). Ce petit garçon est en réalité le Petit Prince, prince d'une planète (l'astéroïde B612 si jamais des grandes personnes me lisent afin qu'elles comprennent comme le dirait l'auteur) de 3 petits volcans qu'il ramone tous les jours et d'une rose unique car c'est la sienne.
Incrédule puis finalement subjugué par le charisme et la mentalité du Petit Prince, il se laisse conter l'histoire de celui-ci. De son quotidien où chaque jour il doit arracher les mauvaises herbes que constituent les baobabs sur sa planète (car si jamais ils poussent trop, sa planète explosera sous le poids d'un arbre aussi grandiose) jusqu'au jour de son départ. Décision qu'il finit par regretter chaque jour un peu plus lors de son périple de planète en planète.
La première planète sur laquelle il se rend (comment? On l'ignore mais cela renforce le côté merveilleux et puéril de ce roman envoûtant) règne un Roi qui n'a aucun sujet (à part un rat mais il n'en est pas sûr). Cette première approche montre le côté ridicule des souverains qui veulent absolument tout diriger. Seulement le Petit Prince refuse de se laisser commander, c'est d'ailleurs pour cela que le Roi prend des décisions dites "raisonnables" du genre quand le Petit Prince dit qu'il va partir, au Roi de lui répondre: "Je t'ordonne de partir" par exemple.
Puis la prochaine planète abrite un vaniteux (dont la Terre en est peuplé à environ 2 milliards soit la totalité des personnes dans la moitié du XX) qui adore être admirer et ne pense qu'à lui et à ses louanges bien entendu imméritées... Sur la planète suivante réside un ivrogne qui boit pour oublier sa honte à boire, le mythe de Sisyphe en quelque sorte qui répète mécaniquement son supplice sans plus en connaitre la raison. La vue de l'ivrogne attriste un peu le Petit Prince qui ne voit pour le moment que des aspects négatifs des autres hommes.

Puis il découvre un allumeur de réverbères, le seul individu dont la tâche lui paraît noble et utile car il s'occupe. Malencontreusement l'activité de ce dernier est devenue idiote avec le temps car son travail consiste à allumer et éteindre son unique réverbère toutes les minutes car sa planète s'est petit à petit rapproché du Soleil et donc les journées ne durent plus qu'une minute. Le Petit Prince est d'abord ravi d'une telle planète car il adore les couchers de Soleil, et donc au lieu de voir plus 43 couchers de Soleil comme sur son astéroïde (il se déplace en même temps que la progression de l'étoile solaire) il pourrait en voir à satiété. Cependant le travailleur est fatigué par son métier qui l'empêche de se reposer, le Petit Prince lui propose alors le même procédé dont il use pour observer ses couchers de soleil, c'est-à-dire tourner autour de la planète en même temps que le Soleil progresse. Mais cette ruse ne permettra jamais à l'allumeur de réverbère de dormir...
L'avant dernière planète a pour résident (j'ai oublié de préciser mais cela me paraissait évident comme cela l'était pour le Petit Prince à l'égard de Saint-Exupéry, les planètes citées précédemment sont si petites qu'une seule personne peut y habiter) un géographe. Chose amusante car comme l'avait dit l'auteur, la géographie est une des sciences les plus sérieuses (intemporelle normalement) qui lui a beaucoup servi lorsqu'il s'agissait de son avion distinguer l'Amérique de la Chine. Mais le géographe ne fait que reporter les données des explorateurs et il a besoin de preuves. Le Petit Prince après lui avoir décrit son astéroïde lui demande quelle planète il pourrait désormais aller explorer. Sans hésitation le géographe lui répond: la Terre.
Son voyage aboutit alors avec son arrivée sur la Terre qu'il croit comble de malchance dépeuplée et déserte car il a atterri en plein milieu du désert du Sahara. Puis il découvre que les hommes sont des milliers, même des milliards. Que sa rose n'est pas unique mais qu'il y en a aussi des milliards. Ce constat lui fait de la peine car sa fleur qui se vantait de sa rareté ne l'est plus. Et lui qui est-il? Un grain de poussière au milieu du Sahara comme il l'est au milieu de la foule.
Fort heureusement la rencontre du Renard lui permet de comprendre le véritable sens de l'unicité de l'être vivant. Il lui demande de l'apprivoiser puisqu'ainsi il ne sera plus un renard parmi tant d'autres de ses semblables car il sera "apprivoisé" c'est-à-dire qu'il aura "créé des liens". Mais celui-ci est triste quand le moment de la séparation arrive. Mais cette tristesse est belle et noble. C'est ce qui fait différence avec tous les autres êtres vivants: la création de lien qui nous rendent tristes quand on est loin de la personne chère.
Mais dans le désert, l'un des principaux inconvénients et dangers est surtout la carence d'eau. Le Petit Prince guide donc notre aviateur assoiffé qui n'a toujours pas réussi à réparer son avion en outre jusqu'à un puits mais pas un puits comme tous les autres dans le désert. Saint-Exupéry puise donc l'eau, la musique de la poulie qui grince avec la remontée du seau. Le Petit Prince prie l'aviateur de le faire boire le premier, cette eau lui parait alors si délicieuse! Mais ce qui la rend si bonne pour le Petit Prince et l'aviateur le comprend c'est le geste spontané qu'il a eu pour lui tendre malgré sa soif le seau d'eau!

Je ne raconterai pas la FIN de ce merveilleux livre poétique qui inculque les liens de l'amitié et de l'amour sous toutes ses formes inimaginables. Ce roman est une ode à l'amitié! "On ne voit l'essentiel qu'avec le coeur!" Comme ces mots sont si vrais!
Raconter la fin ne servirait à rien, au lecteur de comprendre ce qu'il veut de celle-ci mais surtout je voudrais vous inciter à le lire si ce n'est déjà fait ou alors dans le second cas à le relire car il est si beau! Une chose sûre c'est que SI vous ne levez pas les yeux au ciel pour chercher une étoile, c'est que ce livre ne vous a pas tant touché que ça ou alors que votre étoile vous l'avez déjà trouvé... Personnellement mon étoile et ma rose existent et je sais que c'est les choses les plus essentielles pour moi sur cette Terre. Et pour les rejoindre, je ferais sans hésiter comme le Petit Prince avec sa Rose.

Aymeric

jeudi 4 mars 2010

Bonjours tristesse et Les Merveilleux nuages.


Deux livres que je viens de lire de Françoise Sagan, évidemment à la suite de ma lecture de Sagan à toute allure. Ces deux romans ont été écrit par une jeune femme et pourtant, je les trouve d'une perversité extrême.

J'avais déjà lu Bonjours tristesse il y a deux ans mais à l'époque il ne m'était pas apparu de la même façon. Outre la description magnifique de la Côte d'Azur qui me touche énormément - villa blanche entourée de pins face à la mer = mon rêve - j'ai été cette fois ci charmée par l'esprit tordu de Cécile, l'héroïne de ce court roman (d'apprentissage?).

Cécile passe ses vacances avec son père et sa jeune maîtresse, Elsa, dans une villa près de St Tropez. Leur vie n'est que délices, paresse et mondanité. Cécile tombe peu à peu amoureuse d'un garçon, Cyril, qui presque dix ans de plus qu'elle. Mais ça ne semble pas du tout la déranger. Cécile est impulsive, vive et veut dévorer la vie. Malheureusement, leur vie facile va être bouleversée par l'arrivée d'Anne, amie de sa défunte mère à laquelle le père de Cécile va se lier... un peu trop au goût de Cécile. Pour se débarrasser de cette femme, Cécile est prête à tout.

Les Merveilleux nuages est un roman encore plus pervers qui relève (carrément) du harcèlement moral au sein d'un couple. Josée est une jeune Française mariée à un Américain terriblement séduisant et riche, Alan, qui s'est malheureusement révélé être un homme d'une jalousie maladive. Cette jalousie est au-dessous de tout ce qu'on peut imaginer. Mais le pire est qu'Alan prend plaisir à torturer son épouse jusqu'ici fidèle et amoureuse. C'est donc l'histoire d'un couple qui ne peut pas durer mais qui pourtant ne parvient pas à se séparer, étant tous les deux emportés dans cette spirale perverse du jeu de la jalousie, de la provocation, de la trahison...

Je pense que ce roman se lit avec beaucoup de plaisir et d'admiration liée à l'extrême perversité morale que Françoise Sagan décrit. C'est un sujet d'actualité, puisqu'on parle en ce moment d'une loi qui envisagerait de punir le harcèlement moral au sein des couples. Cette histoire en serait un bon exemple.

Ainsi Sagan a su une fois de plus me charmer. Je ne sais pas si c'est le hasard ou si tous ses romans relèvent de cette cruauté, mais je trouve qu'en lisant Bonjour tristesse et Les Merveilleux nuages j'ai trouvé les mêmes thèmes. De toute façon, l'écriture de Sagan fait souvent appel au même sentiments: la cruauté, la perversité, la tristesse, la solitude. Et cependant, on y sent beaucoup de grâce, de légèreté. La recette idéale de Sagan, en fait.

Laurane.

lundi 1 mars 2010

Sagan à toute allure.


C'est avec une joie réelle que j'ai lu ce livre, même avec délice. J'ai passé une bonne semaine en sa compagnie (mais pas que grâce à lui).

Il s'agit donc d'une biographie de Françoise Sagan, le charmant petit monstre dixit Mauriac qui m'a déjà depuis longtemps charmée. Je l'ai connue au hasard de la bibliothèque familiale avec Un certain sourire que j'ai lu deux fois avant de lire le célèbre Bonjours tristesse, que -comme vous pouvez le remarquer- je suis en train de relire.

Il faut dire que cette biographie m'a donné envie de lire tous les romans de Sagan. Ce que je vais sans doute faire, surtout depuis que j'ai acheté cette merveille. Marie-Dominique Lelièvre a mis beaucoup d'elle-même dans cette biographie. Elle les a tous rencontré: Florence Malraux, Bernard Frank, les secrétaires de Françoise Sagan, Marc Francelet qui l'entraîna dans l'affaire Elf... Racontant chronologiquement la vie de Sagan, Marie-Dominique Lelièvre dresse en même temps le portrait de la France de l'époque. Elle nous parle aussi longuement des amis de Sagan, des artistes qu'elle a côtoyé.

C'est une biographie gaie par moments mais aussi singulièrement triste car Françoise Sagan, à la fin de sa vie, n'était plus qu'une épave, pauvre et droguée. Ce livre nous montre à quel point cet écrivain a marqué le pays et les esprits. Pour moi, elle n'est pas l'auteur de roman de gare dont on parle. Elle n'est non plus célèbre pour ses frasques. Pour moi, c'est un écrivain de talent. Après, je comprends que tout le monde ne partage pas mon avis. Je pense qu'elle me plaît aussi car elle considérait Colette comme son modèle, et cela se sent dans ses histoires. Et j'adore Colette.

Que dire de plus à part que cette biographie donne surtout envie de lire Sagan. Et de se plonger dans son univers... Car Sagan n'a pas écrit que des livres mais aussi beaucoup de livres souvenirs si on veut. Ses articles sont aussi à lire. Enfin tout quoi. Vous l'avez compris, je l'aime !

PS: Il y a aussi le film Sagan - que j'ai regardé hier soir, histoire d'être encore plus dans l'ambiance - qui est très bien même si la réalisatrice a pris de franches libertés sur la vie de Sagan. Par exemple, Sagan a dû arrêter de boire en novembre 1975 or dans le film on la voit picoler jusqu'à la fin de sa vie. Mais en réalité, si Sagan a commencé à prendre de la cocaïne c'était justement car elle ne pouvait plus boire. Et qu'elle s'ennuyait.

Laurane.